Genèse du projet

Un historique rapide de LikArmor

Si l’on s’intéresse aux ouvrages de systématique consacrés à l’identification des lichens de l’Ouest de la France, on constate qu’il n’y a pas ou peu de publications importantes depuis les travaux de H. des Abbayes (1934) et L. Massé (1964, 1966) et il faut donc se rabattre sur des ouvrages plus généraux dont les plus récents, la flore de Smith et al. (2009) et celle de Wirth et al. (2013) ne couvrent pas le territoire français. La flore des lichens d’Europe de Clauzade et Roux (en esperanto) date déjà de 1985, même si des addenda ont été publiés depuis pour certains genres (Clauzade et Roux, 1985, 1987) ainsi que plusieurs articles dans le bulletin de l'AFL. Il n’existe donc aucun ouvrage focalisé sur les lichens de l’Ouest de la France. Les lichens occupent pourtant une place essentielle sur la frange côtière très étendue du Massif armoricain.

Balaneg-10-2018.JPG

Groupements saxicoles de l'étage adlittoral en mer d'Iroise (photo M-A. Esnault)

J'avais pu évoquer tous ces points avec Jean-Claude Massé qui, après m’avoir initié à la lichénologie et dirigé ma thèse, était resté un ami très cher. Nos discussions peu avant son décès en 2013 sur les problèmes de reconnaissance des lichens nous avaient amenés à réfléchir sur l’opportunité d’un outil informatique dont le but serait de faciliter l’identification de nos taxons armoricains.

Trois éléments ont été à l'origine de ce projet:

  • La publication du Catalogue des lichens et champignons lichénicoles de France métropolitaine (CLF) de Claude Roux et collaborateurs (Roux et coll., 2014) qui a fourni de nombreuses informations sur la flore lichénique du Massif armoricain. Cet énorme ouvrage de plus de 1 500 pages recensait déja plus de 4000 taxons et permettait de comptabiliser 1061 taxons pour la Bretagne, 892 pour la Basse Normandie et 840 pour les Pays de la Loire.
  • La rencontre en 2013 avec Jean-Yves Monnat, devenu une référence de la flore lichénique de Bretagne qui m’a permis d’acquérir les premiers éléments de connaissance des lichens littoraux.
  • Dans le cadre d’un appel d’offre « Projets Numériques Innovants UEB C@mpus » lancé fin 2013 par l’Université Européenne de Bretagne (UEB), un projet porté conjointement par le professeur Joël Boustie (directeur du laboratoire de Pharmacognosie et de Mycologie de l’Université de Rennes1,UR1) et le docteur Jérôme Sawtschuk (enseignant-chercheur à l’Université de Bretagne occidentale à Brest, UBO) a pu être proposé. Une convention a ainsi pu être signée début 2014 entre l’UEB et l’UR1 permettant le lancement d’une étude pour la réalisation d’une clé interactive focalisée sur une partie de nos lichens littoraux. Cette étude, intitulée initialement Identilichen, a abouti en janvier 2015 à l’intégration de 351 taxons saxicoles et terricoles du littoral armoricain et a permis la validation du concept. Le projet LikArmor qui compte 1481 taxons (novembre 2019) constitue donc une évolution logique de cette étude avec une extension aussi exhaustive que possible à tous les lichens du Massif armoricain.

Ce projet est en constante évolution et s'enrichit chaque année des nouveaux taxons inventoriés sur notre territoire ainsi que des évolutions taxonomiques enregistrées dans les versions du CLF.

J. Esnault